Le Galion

\"Gallion\"/

"- Capitaine ! Galion sur notre tribord, isolé ! Il est chargé le bougre !
- Doucement fils, il est à nous, mais il peut avoir de mauvaises surprises contre nous ..."

Le galion ! Figure emblématique des navires de Sa Majesté Très Catholique, instrument de sa puissance, son nom suffit à évoquer dans les esprits des forbans des mers la promesse de chargements d\'or et d\'argent en provenance des Amériques ...

Origine et histoires
Le galion est né à un point tournant de l\'histoire navale : la découverte des Amériques rendait nécessaire l\'apparition d\'un navire pleinement capable d\'affronter les océans, puisque les caravelles étaient trop petites et trop instables, et les caraques trop rudimentaires. la mythique caravelle fut agrandie, renforcée, dotée de meilleures qualités nautiques, le château d\'avant fut déplacé derrière l\'étrave (pour stabiliser le navire), la gaillard d\'arrière s\'étoffa pour les officiers : le galion était né.
Très rapidement le galion fut copié dans tous les pays maritimes, de l\'Espagne à la Suède, avec des adaptations locales. Pour ne nommer que quelques noms et dates célèbres, c\'est avec un galion (le Pelican), que Francis Drake entreprit la circumnavigation en 1577 ; en 1620 le Mayflower devait apporter ses colons sur le sol des futurs Etats-Unis.
Mais l\'événement plus célèbre concernant les galions est bien sûr le sort tragique de l\' "Invincible Armada". Parti le 20 juillet 1599, l\'Armada espagnole, une force de 130 galions et galères, 19000 soldats, et de quoi procéder au siège des villes appareilla sur les ordres de Philippe II (qui voulait mettre à bas la puissance "hérétique" anglaise qui se révélait menaçante pour son Empire, aussi bien en Hollande qu\'aux Amériques). Du 29 juillet au 8 août, une série d\'engagements l\'opposa à la flotte anglaise, qui se révéla plus prompte à utiliser les renseignements, plus ingénieuse dans ses tactiques, plus professionnelle et enfin plus avancée technologiquement (capable de recharger ses canons). La défaite de l\'Armada espagnole sonna le début de la fin de la suprématie espagnole, mais l\'Empire devait encore durer plusieurs siècles ...
Cette date sonna aussi la fin de l\'utilisation du galion en tant que navire de guerre pour plusieurs nations, bien que l\'Espagne ait continué à l\'utiliser pendant longtemps, le rendant encore plus grand, encore plus puissant, encore plus résistant. En tant que navire de commerce, il était une vision encore relativement courante au début du XVIIIme siècle, pour sa résistance et sa capacité de soute. (essentiellement chez les Espagnols, encore une fois).

Les Flota del Oro
L\'origine de l\'aura légendaire des galions peut tenir à deux éléments : Eldorado et les Flota del Oro.
Eldorado, le pays d\'or, fantasme des conquistadores qui embarquèrent sur les galions vers l\'Amérique, une contrée imaginaire où tout est fait d\'or. Les galions, en transportant les troupes, incarnèrent un peu de ce rêve, surtout lorsque les premiers galions rentrèrent avec le fruit du pillage des royaumes d\'Amérique.
C\'est lorsque les premières mines d\'or et d\'argent ouvrirent, et les premières attaques corsaires commencèrent, que l\'Espagne mit en place la système des Flota. Elles étaient constituées de galions de commerce, efficacement gardées et encadrées par des galions de guerre et des navires éclaireurs (ce fut d\'une certain manière le précurseur des formations en convoi) ; elles partaient d\'Espagne, chargées de biens manufacturés et de denrées introuvables aux colonies, et revenaient les soutes chargées d\'or. Les Flota furent le poumon économique de l\'Espagne, aussi bien métropolitaine que coloniale.

Identification
Sa silhouette est là encore reconnaissable : un trois-mâts "lourd ", avec un rapport largeur/longueur grand, une étrave arrondie et une coque ventrue, avec une voile latine en mât d\'artimon, vous la repérerez au premier coup d\'oeil. Vérifiez cependant qu\'il n\'est pas seul à l\'horizon !

Caractéristiques techniques dans PBS
(petit galion, du même genre que le navire de Drake)
longueur immergée : 32 mètres
longueur hors-tout : moins de 40 mètres (estimé)
largeur : 12 mètres
tonnage : 500 tonneaux
armement : 14 canons légers à moyens (estimé 12 livres ou moins pour ce modèle)

Utilisation
Pour utiliser le galion au maximum de son efficacité, il faut avoir constamment à l\'esprit ses caractéristiques :
1) il est lourd et peu manoeuvrable : certaines fois vous devrez attendre un vent favorable pour appareiller, et dans tous les cas n\'espérez pas échapper à un navire pirate. Vous n\'y arriverez pas (et aucun pirate ne voudra d\'un galion comme navire, sauf piège particulièrement vicieux). De plus, son gréement archaïque au XVIIIme siècle nécessite un équipage conséquent.
Tout est-il perdu ? Non !
2) il est résistant, TRES résistant. Sa structure, héritée des modes de pensée du Moyen-Age, ne lésine pas sur l\'épaisseur du bordé et les poutres de renforcement. En 1588, le navire amiral de l\'Armada était encore à flot après 107 coups directs et réussit à s\'échapper, alors que le San Mateo résistait encore après avoir été sous le feu de 17 navires de ligne et abordé 3 fois ! Ce navire est réellement une forteresse flottante, et devait inspirer les conceptions des premiers trois-ponts assiégeurs de forts coloniaux. Donc un navire pirate, même plus manoeuvrable, doit compter sur une longue séance de tirs, ou tenter de l\'aborder ...
3) l\'équipage conséquent nécessaire à la manoeuvre se révèle un atout précieux lors des abordages , les assaillants ont intérêt à prévoir un grand nombre de troupes, ou tenter de faucher l\'équipage du galion à la mitraille ... tâche difficile, puisque le galion est résistant !
Le galion doit être vu comme une forteresse flottante, tant du point de vue de l\'attaque que de la défense.

Bien entendu, au début du XVIIIme siècle, le galion ne peut pas être considéré comme un navire de guerre, mais en commerce ses avantages (résistance, un bon nombre de canon et un équipage conséquent) conviennent parfaitement à tout capitaine désireux d\'assurer sa sécurité en mer. Mais seul, il représente une proie de choix pour les groupes de navires légers - il ne peut s\'en sortir que convenablement escorté et en groupe.

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