Le Combat Naval au XVIIeme siecle
Petite prospective historique
Le combat naval en Europe, après les affrontements féroces de l\'Antiquité, disparut de la pensée militaire : la tactique la plus usitée consistait au bas Moyen-Age à relier les bateaux entre eux pour en faire une plate-forme flottante géante ... En Mediterranée, les galères continuaient à dicter leur loi, selon les techniques éprouvées depuis des générations, les Byzantins y rajouteant les premiers le "raffinement" des feux grégeois.
Le canon changea tout cela.
Avec le canon apparut la possibilité d\'envoyer des projectiles à distance avec une grande vélocité. Les marins comprirent très rapidement l\'intérêt d\'un tel dispositif, malgré le danger des feux à bord : la mer entendit pour la première fois des pièces d\'artillerie tonner sur son onde en 1338, au combat l\'Arnemuiden, où le vaisseau-amiral de la flotte anglaise avait trois couleuvrines en batterie.
Il fallut attendre cependant le début du XVIme siècle pour que se développe et se répande rapidement l\'usage de la caraque, premier navire conçu pour l\'emport de canons (guère dangereux à l\'époque !), même si les architectes navals tatônnaient encore : le "Mary Rose" devait couler, en 1545, du fait que ses canons étaient disposés trop bas et que de l\'eau entrait par les sabords ! Cependant, le développement naval connut une accélération continuelle avec la conquête des colonies et la lutte des grandes puissances pour la suprématie navale : en 1588 la fin de l\'Invincible Armada fut le début des luttes en haute mer sur les océans, lutte qui n\'a toujours pas cessé de nos jours.
Tactiques en vigueur
Dès lors que les navires devinrent vitaux pour la communication avec les "colonies", l\'organisation militaire se mit en place très rapidement : on peut parler de commandement naval en tant que tel (c\'est-à-dire un corps d\'officiers dévoués uniquement à la marine de guerre) dès l\'apogée de la puissance de Venise ; au milieu du XVIme siècle, l\'officier naval était une figure connue de tous les commandements des pays maritimes d\'Europe, et, avec elle, les tactiques navales utilisées.
Toute la pensée navale tactique était conditionnée par deux éléments forts : le vent et le canon. Le vent était un élément vital pour la manoeuvre, le canon l\'outil pour couler les navires ennemis, avec ses avantages et ses inconvénients.
Contraintes du vent
Avec un vent défavorable, pas de manoeuvre possible. A partir de cette constatation simple naquit la nécessité de gagner l\'avantage du vent. Les navires manoeuvraient, parfois pendant des jours, pour gagner cet avantage si précieux.
Un navire A est considéré comme ayant l\'avantage du vent s\'il se trouve au vent du navire ennemi B, c\'est à dire que le vent touche en premier le navire A. En effet :
- de cette position, il est plus facile au navire A de manoeuvrer puisqu\'il peut se mettre en vent arrière, l\'allure en général la plus favorable, et de plus avoir plus de vitesse ;
- au contraire, le navire ennemi ennemi doit lutter contre le vent, et bouge beaucoup plus lentement.
Voilà pour la théorie. La pratique dépendait bien évidemment des navires qui s\'affrontaient : un sloop ou un chébec pouvaient bien plus facilement jouer avec le vent qu\'un pataud galion, rendant pour eux dans ce cas l\'avantage du vent moins important.
Le canon :
Les contraintes technologiques de l\'époque obligèrent les architectes navals à mettre les canons principaux sur les navires en batterie à babord et tribord (bien que des tentatives furent faites sur les galéasses, donnant un résultat valable uniquement sur les galères). Il ne faut pourtant pas croire que le travail des servants ne consistait qu\'à tirer et recharger ! Le chef de pièce avait le devoir de toucher le navire ennemi en ajustant le canon verticalement (en montant plus ou moins le cul du canon avec le coin de mire) et (dans la mesure du faible débattement) horizontalement. Ajoutez à cela le fait que le navire roule, tangue, recule sous l\'effet de la bordée, et vous comprendrez qu\'un bon chef de pièce valait son pesant de vivres pour les capitaines.
Etant donné que le temps de rechargement était long, les navires de guerre avaient l\'habitude de tirer à bordées. Deux lieutenants étaient en charge des bordées : un lieutenant à babord, un lieutenant à tribord (pour autant qu\'il y avait un équipagge suffisant pour manier tous les canons, ce qui était peu souvent le cas). Ces lieutenants donnaient les ordres nécessaires pour recharger les pièces, incluant le type des boulets à utiliser selon les directives du capitaine :
- le boulet simple, classique, surtout efficace contre les coques, avec la plus grande portée
- le boulet à chaînes ou le boulet ramé, deux boulets attachés entre eux par une chaîne ou une barre, pour arracher les voilures et matûres ennemies, mais avec une portée plus faible
- la double charge, deux boulets pleins tirés avec une charge de poudre, portée très faible mais fatalement plus de dégâts
- la mitraille, qui était soit des balles de fusil soit des petits boulets de la taille d\'un petit poing, arrêté facilement par un bordé épais mais faisant des dégâts terribles sur le personnel ennemi
( - le boulet rouge, très exceptionnel, un boulet chauffé au rouge par un brasero, très dangereux à utiliser sur un navire et de ce fait très peu usité )
( - le boulet explosif, qui fit sa première apparition en 1602, proposé sans succès par Gribeauval, et qui ne commença à être utilisé en situation réelle qu\'à partir du XIXme siècle, après le mémoire d\'un ingénieur français )
Selon la tactique du capitaine, les boulets étaient chargés, et les lieutenants donnaient une fois tout prêt l\'ordre de tirer la bordée : le contrôle passait alors entre les mains des chefs de pièce, qui devaient choisir le moment où le bateau avait le bon angle de roulis pour faire feu, puis donner l\'ordre aux servants de sa pièce de recharger.
Le bruit d\'une bordée était tout simplement effroyable, et s\'entendait facilement à des milles à la ronde. La communication dans le navire était une gageure ; pour une escadre, la communication vocale, entre les distances et le fracas des explosions, était impossible. Devant cette difficulté, et la nécessité de garder le contrôle de l\'escadre, les marines de guerre mirent en place deux innovations :
- le système de communications par fanions, déjà usité de longue date, mais rationnalisé pour la première fois par les marines et surtout "crypté" , de telle sorte que l\'ennemi ne sache pas quel est l\'ordre donné !
- la manoeuvre en ligne de bataille, chaque bateau se suivant en ligne, pour faciliter les manoeuvres et transmettre plus facilement les ordres. Cette formation était si importante que les navires principaux, ceux qui pouvaient prendre leur place dans la ligne, furent appelés "vaisseaux de ligne", et que toutes les marines l\'utilisèrent exclusivement jusqu\'au début du XIXme siècle.
"Voile à l\'horizon !" :
C\'est par ce cri que la vigie de hune arrachait le navire à sa routine. Un lieutenant grimpait alors avec une lunette pour voir de quoi il en retournait, mais la vigie, avec ses yeux perçants, pouvait assez rapidement donner une estimation du type de navire, son comportement, et donner la nationalité du navire avec sa flamme.
Si le navire s\'avérait hostile, et que le capitaine décidait d\'engager le combat, retentissait alors l\'ordre fatidique : "branle-bas de combat !". Le navire devenait alors une ruche en folie : aux aboiements des ordres et aux sifflements stridents des sifflets, les marins mettaient bas leurs branles (leurs hamacs) et les portaient sur le pont, pour renforcer le bordé et ralentir les futures escarbilles. Les gabiers grimpaient sur les mâts pour carguer les voiles basses afin que le navire soit en voilure de combat, et pour accrocher les filets prévenant un abordage par le navire adverse. Des servants des canons chargaient les pièces, choisissant soigneusement les boulets pour la première bordée, et les amenaient aux sabords, tandis que d\'autres allaient chercher à la sainte-barbe la poudre et les boutefeux allumés et certains répandaient enfin de la sciure sur le pont. Les garde marine se déployaient sur le pont, distribuaient aux gabiers haches et coutelas, ainsi que des fusils aux meilleurs tireurs - les "moucheurs", ceux qui grimpaient dans les vergues pour faire un travail de sniper. Quelquefois des grenadiers grimpaient aussi, prêts à faire usage de leurs grenades à pointe. Une fois tous ces préparatifs terminés, le navire était prêt au combat, la bataille pouvait s\'engager ...
Peu de descriptifs nous sont parvenus des combats de l\'époque. D\'après les récits rapportés, cela peut se comprendre facilement. C\'était terrible. Les servants aveuglés par la fumée, sourds par la cannonade, devaient inlassablement bouger la pièce, recharger, tirer. Les boulets traversant le bordé emportaient bras, jambes, têtes, et généraient des éclats de bois volant à grande vitesse et tout aussi mortels. Sur le pont, un passage à mitraille réussi fauchait les marins. Les cordages rompaient, emportant des corps sur le passage. Au bout de peu de temps, le sang coulait des sabords et du pont dans la mer, et, n\'eût été la sciure répandue, les hommes auraient glissé dans le sang et les tripes de leurs camarades. L\'abordage constituait le paroxysme de violence, chaque équipage se jetant l\'un sur l\'autre, sachant pertinemment qu\'il y avait peu de chances qu\'ils soient fait prisonniers s\'ils se rendaient ... Pas de place pour les vaincus.
Face à un tel cauchemar, les équipages des marines de guerre, en général des hommes enrôlés de force, se seraient débandés sans la discipline d\'acier régnant sur les navires. Un capitaine de la Royale avait droit de vie et de mort sur l\'équipage, et les fautes étaient punies très sévèrement, par le fouet, par la "grande cale", ou par la pendaison pure et simple. Sur les navires pirates, l\'équipage ne tenait que par la camaraderie (très forte, on n\'abandonnait pas son compagnon) et par une justice expéditive : un capitaine pirate lors d\'un combat devenait un chef tout-puissant, et personne n\'était choqué lorsque celui-ci abattait un chef de canon pour couardise en plein milieu de l\'action pour prendre sa place (au contraire, cela était une marque aux yeux des pirates d\'un chef énergique et respectable, et ces actes renforçaient son aura).
( - le boulet rouge, très exceptionnel, un boulet chauffé au rouge par un brasero, très dangereux à utiliser sur un navire et de ce fait très peu usité )
( - le boulet explosif, qui fit sa première apparition en 1602, proposé sans succès par Gribeauval, et qui ne commença à être utilisé en situation réelle qu\'à partir du XIXme siècle, après le mémoire d\'un ingénieur français )
Selon la tactique du capitaine, les boulets étaient chargés, et les lieutenants donnaient une fois tout prêt l\'ordre de tirer la bordée : le contrôle passait alors entre les mains des chefs de pièce, qui devaient choisir le moment où le bateau avait le bon angle de roulis pour faire feu, puis donner l\'ordre aux servants de sa pièce de recharger.
Le bruit d\'une bordée était tout simplement effroyable, et s\'entendait facilement à des milles à la ronde. La communication dans le navire était une gageure ; pour une escadre, la communication vocale, entre les distances et le fracas des explosions, était impossible. Devant cette difficulté, et la nécessité de garder le contrôle de l\'escadre, les marines de guerre mirent en place deux innovations :
- le système de communications par fanions, déjà usité de longue date, mais rationnalisé pour la première fois par les marines et surtout "crypté" , de telle sorte que l\'ennemi ne sache pas quel est l\'ordre donné !
- la manoeuvre en ligne de bataille, chaque bateau se suivant en ligne, pour faciliter les manoeuvres et transmettre plus facilement les ordres. Cette formation était si importante que les navires principaux, ceux qui pouvaient prendre leur place dans la ligne, furent appelés "vaisseaux de ligne", et que toutes les marines l\'utilisèrent exclusivement jusqu\'au début du XIXme siècle.
"Voile à l\'horizon !" :
C\'est par ce cri que la vigie de hune arrachait le navire à sa routine. Un lieutenant grimpait alors avec une lunette pour voir de quoi il en retournait, mais la vigie, avec ses yeux perçants, pouvait assez rapidement donner une estimation du type de navire, son comportement, et donner la nationalité du navire avec sa flamme.
Si le navire s\'avérait hostile, et que le capitaine décidait d\'engager le combat, retentissait alors l\'ordre fatidique : "branle-bas de combat !". Le navire devenait alors une ruche en folie : aux aboiements des ordres et aux sifflements stridents des sifflets, les marins mettaient bas leurs branles (leurs hamacs) et les portaient sur le pont, pour renforcer le bordé et ralentir les futures escarbilles. Les gabiers grimpaient sur les mâts pour carguer les voiles basses afin que le navire soit en voilure de combat, et pour accrocher les filets prévenant un abordage par le navire adverse. Des servants des canons chargaient les pièces, choisissant soigneusement les boulets pour la première bordée, et les amenaient aux sabords, tandis que d\'autres allaient chercher à la sainte-barbe la poudre et les boutefeux allumés et certains répandaient enfin de la sciure sur le pont. Les garde marine se déployaient sur le pont, distribuaient aux gabiers haches et coutelas, ainsi que des fusils aux meilleurs tireurs - les "moucheurs", ceux qui grimpaient dans les vergues pour faire un travail de sniper. Quelquefois des grenadiers grimpaient aussi, prêts à faire usage de leurs grenades à pointe. Une fois tous ces préparatifs terminés, le navire était prêt au combat, la bataille pouvait s\'engager ...
Peu de descriptifs nous sont parvenus des combats de l\'époque. D\'après les récits rapportés, cela peut se comprendre facilement. C\'était terrible. Les servants aveuglés par la fumée, sourds par la cannonade, devaient inlassablement bouger la pièce, recharger, tirer. Les boulets traversant le bordé emportaient bras, jambes, têtes, et généraient des éclats de bois volant à grande vitesse et tout aussi mortels. Sur le pont, un passage à mitraille réussi fauchait les marins. Les cordages rompaient, emportant des corps sur le passage. Au bout de peu de temps, le sang coulait des sabords et du pont dans la mer, et, n\'eût été la sciure répandue, les hommes auraient glissé dans le sang et les tripes de leurs camarades. L\'abordage constituait le paroxysme de violence, chaque équipage se jetant l\'un sur l\'autre, sachant pertinemment qu\'il y avait peu de chances qu\'ils soient fait prisonniers s\'ils se rendaient ... Pas de place pour les vaincus.
Face à un tel cauchemar, les équipages des marines de guerre, en général des hommes enrôlés de force, se seraient débandés sans la discipline d\'acier régnant sur les navires. Un capitaine de la Royale avait droit de vie et de mort sur l\'équipage, et les fautes étaient punies très sévèrement, par le fouet, par la "grande cale", ou par la pendaison pure et simple. Sur les navires pirates, l\'équipage ne tenait que par la camaraderie (très forte, on n\'abandonnait pas son compagnon) et par une justice expéditive : un capitaine pirate lors d\'un combat devenait un chef tout-puissant, et personne n\'était choqué lorsque celui-ci abattait un chef de canon pour couardise en plein milieu de l\'action pour prendre sa place (au contraire, cela était une marque aux yeux des pirates d\'un chef énergique et respectable, et ces actes renforçaient son aura).
Par Bratisla
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7,9 / 10
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Très bien
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