Le Ketch


Ketch

Adulé par tous ceux qui l'utilisent, le ketch sera votre compagne des mers si vous désirez un petit navire versatile. Prenez garde à ne pas trop aller au Sud avec cependant, si vous ne voulez pas voir les icebergs de trop près !

Origine et histoire

Le dessin du ketch apparut au milieu du XVIIme siècle. Fruit d'un dessin inspiré des flûtes pour la coque, mais doté d'un avant plus fin et d'une voilure plus "rapide" et technique, ce concept rapidement populaire fut décliné en plusieurs versions interchangeables au prix d'un effort minimal.
Le premier ketch digne de ce nom fut le Nonsuch, lancé en 1650 à Wivenhoe dans l'Essex. Ce navire possédait les caractéristiques principales de son type : un petit navire à la coque qui ressemble à la flûte pour la proue, un grand-mât à voiles carrées placé très en arrière et un mât de misaine à l'arrière avec un perroquet et une voile aurique ou latine, et une surface de focs très large pour remonter facilement au vent. Il devait connaître une carrière dans la Royal Navy jusqu'en 1668, où il fut loué par des investisseurs privés (qui devaient fonder peu après l'Hudson Bay Company, une des plus vieilles compagnies commerciales fondées) pour faire du commerce avec les colonies d'Amerique du Nord et de la chasse anti-pirates. Ce navire a été reproduit pour le tricentenaire de la Hudson Bay Company.


Réplique du Nonsuch
une photo d'une réplique actuelle du Nonsuch

Le ketch fut décliné en trois variantes, aisément interchangeables.
Le ketch de commerce, armé par les compagnies de commerce, tendaient à être plus petits que les autres. Les plus petits étaient capables de manoeuvrer dans les ports les plus étroits, et connurent un usage intensif entre les Antilles et les colonies d'Amérique, tandis que les plus larges étaient réservées au commerce transatlantique.
Le ketch de guerre était une version plus armée et plus grande (sauf conversion) du ketch de commerce, avec de 4 à 8 canons de 6 (10 sur les plus gros ketchs français). Sa taille et son agilité les rendait utile aux tâches de patrouille côtière, d'escorte de petits convois et de protection des navires de pêche (une activité économique très rentable à l'époque).
Mais le ketch devait se révéler immensément utile aux Royales dans son rôle de navire de bombardement. La Royale française recherchait un moyen de réduire les forteresses des villes côtières maghrébines, qui étaient judicieusement bâties au milieu des villes et donc inatteignables par les bordées. Le mortier était une arme plus adaptée par son tir plongeant et lointain : c'est ainsi que Bernard Renau d'Elicagary, un ingénieur français, conçut la première galiote à bombes, transportant des mortiers pour le bombardement. Le ketch fut choisi comme support des mortiers à cause de son grand espace à la proue (à cause de la position très en arrière du grand mât). Les mortiers furent placées sur un affût spécialement renforcé (ce qui n'empêchait pas les incidents), fixés à 45 degrés de telle sorte que le bateau entier avançait à bonne portée puis, à l'aide d'ancres et d'amarres, pointait ses pièces. Ces mortiers puissants étaient les seules pièces d'artillerie navale tirant des boulets explosifs ou incendiaires, et n'étaient pas servies par les artilleurs de marine mais par des artilleurs spécialisés dans des troupes spécifiques (en Grande-Bretagne, ce fut le Ordinance Detachment composé d'artilleurs tirés des rangs de la Marine et l'Armée ; en France, ce fut le corps des Bombardiers de Marine entraîné spécifiquement à sa tâche et basé dans les ports principaux de la Royale : Brest, Toulon et Rochefort. Cependant, le développement d'affûts rotatifs et à élévation réglable permit le développement de vaisseaux de bombardement autres que le ketch (qui maintint sa place en raison de sa manoeuvrabilité).

Le ketch continua d'être utilisé tout le long du XVIIIme et XIXme siècle, jouant un rôle particulièrement important lors du bombardement du fort McHenry par les forces navales anglaises lors de la deuxième guerre anglo-américaine (c'est à cette occasion que la première attaque occidentale à la roquette, ici le modèle anglais Congreve, eut lieu). Leur rôle de transport devait se réduire drastiquement avec les clippers et navires à vapeur ; leur rôle militaire fut réduit à néant avec l'apparition des premiers dreadnoughts. Cependant, avec une voilure simplifiée (adoption massive de la bôme et des winches) et le développement de la navigation de loisir au XXme siècle, il est encore largement utilisé pour la plaisance et représente un yacht apprécié et capable d'affronter la haute mer.

Identification
Il possède une allure générale similaire au sloop, mais le mât de misaine en plus et le grand mât avec trois voiles carrées très en arrière sur le bateau vous permettront de l'identifier de loin. Quant à son rôle, il ne sera devinable que par son comportement.

Caractéristiques techniques dans PBS
Longueur immergée : 23 mètres
Longueur hors-tout : 38 mètres (estimé)
Tirant d'eau : 3 mètres (estimé d'après le HMS Terror
Largeur : 6 mètres
Tonnage : 150 tonneaux
Armement : 10 pièces de 6 en bordée (non, pas de mortier prévu pour le moment)

Utilisation
L'adjonction d'un deuxième mât rend ce navire apte à la navigation au large, et son faible tirant d'eau, ses lignes épurées et sa voilure conséquente le rendent rapide, et ce sous toutes les allures avec sa voile aurique et son abondante collection de focs.
Sa capacité raisonnable lui permettent de faire du commerce, son bordé plus épais que celui du sloop lui donne un rôle dans les combats, où un capitaine astucieux saura tirer parti de sa vitesse et son tirant d'eau pour frapper des cibles faibles et se retirer en cas d'opposition trop importante.
Mais à quoi sert-il ? A tout ! Aussi bien au commerce que pour la guerre, la course ou la flibuste, il saura apporter satisfaction. Il est bien sûr moins bon qu'un navire équivalent spécialisé, mais il a pour lui sa versatilité.

Navires célèbres
Le Nonsuch a été reproduit en 1987 et est apte à naviguer encore aujourd'hui.
Un ketch de combat connut une histoire particulièrement mouvementée : l'Intrépide fut lancé en 1798 à Toulon, fut vendu après le désastre du Nil à Tripoli. Renommé le Mastico, il fut utilisé par les pirates barbaresques pour capturer l'USS Philadelphia le 31 octobre 1803 en rade de Tripoli. Capturé à son tour le 23 décembre par l'USS Enterprise et renommé USS Intrepid, il aborda le Philadelphia le 16 février 1804 en rade de Tripoli pour le saborder.
Un autre ketch devait se couvrir de gloire : le HMS Terror qui participa avec le HMS Erebus (le tireur de roquettes) à l'attaque du fort McHenry. Mais ces deux navires sont surtout connus pour leur périple en Antarctique de 1839 à 1843, découvrant les deux volcans portant désormais leurs noms. Ces deux navires devaient avoir une fin tragique : en 1845, James Ross partit à la recherche du passage Nord-Ouest (le passage reliant Atlantique à Pacifique via le Nord), mais les navires furent immobilisés par la glace dans le détroit de Victoria. Les survivants les abandonnèrent, et tentèrent de rejoindre un avant-poste de l'Hudson Bay Company, en vain. Le récit de leur périple et de leur fin tragique ne devait être retrouvé (avec leurs restes) qu'en 1859 sur l'île du roi William.

Enfin n'oublions pas beaucoup plus récemment la célèbre série des Pen Duick, en l'occurence les Pen Duick II, IV et VI qui remportèrent leur part de régates sous le commandement du regretté Tabarly.
Penduick
Le Pen Duick VI en action

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